Gesteau Litto

Gérer l’eau et les territoires sur un littoral lagunaire Approche comparée des étangs littoraux de Biguglia (Corse) et de l’Or (Occitanie).

2018-2019

Stéphane Ghiotti

Programme CNRS - Observatoires Hommes-Milieux

 

Les lagunes méditerranéennes françaises sont des territoires spécifiques confrontés à des enjeux stratégiques en termes d’aménagement du territoire et de protection de l’environnement. Ces enjeux articulent plusieurs problématiques, environnementales (continentales, lacustres, marines), institutionnelles avec obligation de résultats (GIRE, GIZC, LEMA, multiples directives européennes) et politiques avec les différentes réformes territoriales (intercommunalités, décentralisation) (Ghiotti, 2014). Aux risques d’inondations, de submersion marine, de pollutions s’ajoutent les menaces sur la biodiversité, la nécessaire reconquête des continuités écologiques et du fonctionnement hydro-morphologique des cours d’eau littoraux. Or l’urbanisation rapide et la mise en tourisme soutiennent les logiques de développement économique et résidentiel augmentant la pression sur les milieux.

La commune demeure souvent la référence fragmentant l’environnement institutionnel (Daligaux, Minvielle, 2010). Une mise en tension apparaît donc avec d’un côté l’échelle des problématiques environnementales à gérer, qui dépasse ce cadre communal, et de l’autre les injonctions à la réorganisation et à la rationalisation territoriale (lois MAPTAM, 2014 et NOTRe, 2015). Les modalités d’articulation des outils de gestion (SCOT, PLUi, SAGE, contrat de baie, Natura 2000...), et leur mise en œuvre, avec les territoires du politique sont donc en question. Une réflexion s’impose sur la gouvernance et ses échelles au sein de ces environnements aussi fragiles qu’anthropisés.
Deux lagunes relevant du périmètre de l’OHM-LM seront les terrains d’étude dans une perspective comparatiste.
L’étang de l’Or est une lagune de 5000 ha située au sud-est de Montpellier avec un grau unique. Sa transformation profonde des années 1950 et 1960 a engendré le développement rapide et massif du tourisme et de l’urbanisation (la population du bassin versant, 410 km2, passe d’environ 130 000 habitants l’hiver à plus de 250 000 l’été). La pollution apparue dès 1970 - crises dystrophiques aigües en période estivale (Pons, 1980 ; Frisoni, 1991) - s’est ensuite accentué et diversifiée. En1991, un syndicat mixte (le SMGEO devenu SYMBO en 2009) est crée. Composé de 13 communes riveraines et du Conseil général de l’Hérault, cette structure comprend aujourd’hui ce dernier et les 32 communes du bassin versant. Deux contrats ont été signés (2003-2007 et 2015-2019). Si les efforts portent encore sur la question de la restauration de la qualité des eaux, les volets qualité des milieux, inondations et gouvernance de bassin sont aujourd’hui des priorités clairement affichées.
La lagune de Biguglia est une zone humide de 1450 hectares au sud de Bastia communiquant avec la mer par un grau unique. Ses apports en eaux douces proviennent d’un bassin versant de 182 km2 largement

artificialisé. Elle s’étend sur 4 communes qui totalisent 25 000 habitants. La forte dynamique périurbaine se traduit par l’implantation d’infrastructures d’importance régionale et la poursuite d’aménagements urbains résidentiels et de zones d’activités. Classée réserve naturelle, la lagune limite le développement urbain et la pression anthropique et la question de sa conservation se pose de façon aiguë. Propriété du département de la Haute-Corse, la réserve fait l’objet d’une protection particulière en ce qui concerne les objectifs prioritaires fixés par le SAGE (protection de la ressource eau et la maîtrise foncière).