David Giband, Kévin Mary et Nora Nafaa (Université Perpignan Via-Domitia) ont coordonné le dossier accessible en libre accès  "Privatisations et ségrégations de l'éducation. Perspectives internationales" paru dans les Cahiers de la Recherche et du Savoir.

Introduction du dossier :

L’intérêt récent des géographes pour l’éducation s’inscrit dans un renouvellement fort d’une partie de la discipline suite notamment aux travaux de la géographie radicale (Harvey, 2005).

La géographie, en tant que science sociale du territoire (Di Méo & Buléon, 2005), a été traditionnellement peu encline à traiter des questions relatives à l’éducation (Butler & Hamnett, 2007 ; Jahnke et alii, 2019 ; Bonini & Lange, 2016 ; Holloway & Jönes, 2012), alors même que celle-ci constitue une question hautement spatiale. En effet, qu’elle s’intéresse à la territorialité des acteurs de l’éducation, aux formes de ségrégations socio­spatiales engendrées par les politiques publiques éducatives ou, plus généralement, aux dimensions spatiales de la néolibéralisation de l’éducation, la géographie a connu ces dernières années un renouvellement important lui permettant d’enrichir le champ des recherches en éducation. Depuis le début des années 2000, un tournant critique a ainsi été opéré par nombre de géographes invitant à renouveler approches, cadres théoriques et épistémiques, et objets de recherche. Parmi ceux-ci, l’éducation s’est progressivement affirmée comme une entrée essentielle pour comprendre les changements sociospatiaux observés tant à l’échelle globale que locale (Basu, 2010), au Nord comme au Sud, ou, pour paraphraser certains géographes radicaux, dans le global North autant que dans le global South. On l’aura compris, la question qui constitue le fil directeur de ce numéro spécial, a à voir avec la mondialisation ou, pour reprendre l’expression anglo-saxonne, la « globalisation » de l’éducation. D’un point de vue géographique, cette dernière ne décrit pas des mécanismes homogènes de diffusion spatiale de l’éducation comme un bien public réparti de façon équitable en fonction de critères visant à promouvoir le développement social, économique et culturel des individus. Elle désigne bien davantage les formes spatiales, les processus politiques, sociaux et économiques qui président à la néolibéralisation de l’éducation à l’échelle mondiale. L’éducation — en tout cas les modèles et les référentiels éducatifs d’inspiration néolibérale qui se déploient à l’échelle planétaire — est, sans conteste, un phénomène global dont les modalités de déploiement (et l’on serait tenté de rajouter la rapidité) tiennent à des facteurs autant économiques, politiques que géographiques. Si l’on cherche à définir le néolibéralisme, celui-ci se définit en deux temps (Hackworth, 2007). Il sagit dabord dune idéologie transmise par un ensemble de discours et une rhétorique présente dans lensemble de la vie sociale. Il recouvre ensuite une série de réformes aux échelles locales et nationales qui visent à accentuer la privatisation des services publics, la dérégulation des normes ainsi que la délégation des compétences de lÉtat auprès dun panel dopérateurs privés.

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Référence papier

David Giband, Kévin Mary et Nora Nafaa, « Introduction. Éducation, privatisation, ségrégation : regards croisés Nord/Sud. De l’importance de la dimension spatiale des dynamiques éducatives »Cahiers de la recherche sur l’éducation et les savoirs, 19 | 2020, 7-20.

Référence électronique

David Giband, Kévin Mary et Nora Nafaa, « Introduction. Éducation, privatisation, ségrégation : regards croisés Nord/Sud. De l’importance de la dimension spatiale des dynamiques éducatives »Cahiers de la recherche sur l’éducation et les savoirs [En ligne], 19 | 2020, mis en ligne le 20 octobre 2020, consulté le 10 novembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/cres/4803