Dans le cadre du séminaire Ecomig et du programme H2020 MAGYC, Anne-Christine Bronner (UMR Sage, CNRS-Université de Strasbourg), Florence Troin (UMR CITERES, CNRS-Université de Tours) et Philippe Rekacewicz (VisionsCarto, Université d’Helsinki) animeront un Atelier de cartographie expérimentale à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 ainsi qu à la MSH-Sud (Site Saint-Charles, Montpellier), du 2 au 4 novembre 2021.

 

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Cet évènement est ouvert à toutes les disciplines (géographie, sociologie, psychologie environnementale, anthropologie, design, art, architecture, urbanisme, etc.). Les participants et participantes sont invités à travailler sur l’intention cartographique, en s’appropriant, en jouant et en détournant les codes de la cartographie, afin de construire leur propre « carte d’identité » (ou « Identity map » en anglais). Il s’agit pour eux d’utiliser le support cartographique comme base de récit de leur histoire personnelle, de leur parcours, de leurs itinéraires individuels.

Cet atelier sera ponctué des interventions de David Lagarde (UMR LISST, Université de Toulouse Jean Jaurès), Sarah Mekdjian (UMR Pacte, Université Grenoble Alpes) et Philippe Rekacewicz, qui reviendront sur leurs expériences de mise en carte de récits d’expériences de mobilités. L’artiste Armelle Caron, qui mobilise la carte et les notions d’espace et de territoire comme moyen d’expression dans ses travaux, interviendra également lors de ces rencontres. (voir plus bas la programmation détaillée du séminaire)

Enfin, l’exposition « Expériences migratoires », conçue par les membres du groupe cartographie du collectif Migreurop, sera présentée dans le Jardin d’hiver de la MSH-Sud. Á travers une approche critique de la cartographie, cette exposition vise à témoigner des conséquences des politiques migratoires des États euro-méditerranéens sur les mobilités des migrantes et des migrants qui ont quitté leur pas d’origine pour partir s’installer ailleurs dans le monde.

Pour participer à l’Atelier de cartographie expérimentale, merci de vous inscrire auprès d’Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. et Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..

Attention, les places sont limitées ! Les présentations des différents intervenants sont, quant à elles, en accès libre.

 

Le programme du séminaire

« Critique de la cartographie / cartographie critique des migrations »

(dans le cadre de la programmation EcoMig de l’umr ART-Dev)

  • Armelle Caron : La carte en tant que forme plastique

Le territoire nous offre des graphismes élégants, sobres, sans doute harmonieux. Alors je chaparde dans cette manne inépuisable. Je bourlingue l’urbanité au coeur. Chaque expédition se fait l’occasion d’accumulations en tout genre : souvenirs, images, photographies et surtout, plans et cartes. Se représenter la ville n’a, après tout, rien d’une évidence et la cartographie demeure un exercice bel et bien subjectif

  • David Lagarde : Cartographier des récits d’exils syriens

Cette communication reviendra sur le protocole méthodologique et les techniques graphiques employés pour collecter des récits migratoires d’exilés syriens afin de les traduire sous forme d’images (cartes d’itinéraires, frises spatio-temporelles, diagrammes de réseaux spatialisés). L’intention de cette démarche vise à construire une cartographie moins euro-centrée que celle habituellement présentée dans les médias, plus humanisante et surtout plus à même de rendre compte de la multiplicité des routes, des lieux, des acteurs et des temporalités qui sous-tendent les mobilités migratoires des Syriens et des Syriennes en quête d’un refuge à l’étranger

  • Sarah Mekdjian : Cartographies-milieux en contextes migratoires

Cette communication reviendra sur cette notion de « milieu » qui ne désigne pas un « lieu » géographique, ni un « entre-deux lieu ». Les cartographies dont il est question ne sont donc pas des cartographies de « lieux »  (d’exil, d’accueil…), pas des topographies, même si des éléments géographiques peuvent apparaître. Ce sont des cartographies temporelles de relations, de rapports, qui, en s’élaborant, se reconfigurent, se transforment. Les relations ou rapports sont ceux qui s’élaborent depuis les contextes politiques migratoires : par exemple, dangers, fuite, immobilisme forcé dans la relation à la police ; exploitation, extraction dans la relation avec le champ de la recherche ; mise en conformité, imaginaire, traductions homolingues, expulsion dans la relation à l’OFPRA, la CNDA, la Préfecture… Dans ces rapports violents, asymétriques, tracer des cartographies-milieux désigne une série de pratiques qui permet de réaffirmer une égalité des intelligences, soit une condition commune, de transformer ce qui fait violence, d’improviser des liens singuliers, étonnants, indéterminés.

  • Philippe Rekacewicz : Cartographie radicale : une retranscription politique du monde située quelque part entre le réel et l’imaginaire

La cartographie est une discipline multiforme qui empreinte en même temps à l’art, la science, la politique et certainement, sans que nous nous en rendions vraiment compte, à la philosophie et à l’éthique. C’est ce qui en fait un outil de communication assez puissant, qui représente autant des possibilités de manipulation au service des pouvoirs, des outils de résistance contre les pouvoirs, mais aussi un formidable révélateur  d’événements  et de situations souvent « invisibles » à nos yeux. Nous partons donc du postulat que «  La carte innocente n’existe pas ». Tant les scientifiques que les artistes ont revendiqué la propriété de la discipline, et ce conflit ne sera jamais résolu en raison de la complexité même de ce qu’est une carte : une somme de données supposément « traitées scientifiquement », elle utilise des formes, des couleurs, des mouvements, en d’autres termes des « moyens artistiques et esthétiques ». Tout cela pour produire une vision du monde telle qu’elle est vue par le producteur de la carte – une image qui représente une position spécifique, c’est-à-dire la façon dont on voit, comprend et interprète le monde. À cet égard, la carte est fondamentalement un objet politique, qui peut permettre, entre autre, aux citoyennes et citoyens de se projeter dans leurs espaces de vie quelqu’en soit l’échelle, et de découvrir les manières et les mods d’utilisation. La carte n’a donc que très peu à voir avec la réalité, ou la vérité, mais plutôt avec la façon dont nous interprétons le réel. Nous la proposons donc moins comme une image que comme « l’’expression visuelle d’une construction intellectuelle