Responsables : J.-M. Sourisseau (CIRAD), Véronique Ancey (CIRAD), Pascal Chevalier (Univ. Montpellier III)

Membres : Ward ANSEEUW (CIRAD) - Vincent BARON (CIRAD) - Jean-François BELIERES, agro-économiste (CIRAD) - Philippe BONNAL (CIRAD) - Robin BOURGEOIS, agro-économiste (CIRAD) - Régis DARQUES, géographe (CNRS) - Marc DEDEIRE, économiste (Univ. Montpellier III) - Sandrine FREGUIN-GRESH, agro-économiste (CIRAD) - Jean-Jacques GABAS, économiste (CIRAD) - Michel GARRABE (Univ. Montpellier) - Guillaume LACQUEMENT, géographe (Univ. de Perpignan) - Jean-François LE COQ, agro-économiste (CIRAD) - Brono LOSCH (CIRAD) - Gilles MASSARDIER (CIRAD) - Sara MERCANDALLI (CIRAD) - Kako NUBUKPO (CIRAD) - Vincent RIBIER, économiste (CIRAD) - Eric SABOURIN (CIRAD)

Les dynamiques territoriales sont profondément marquées par les processus de globalisation et d’urbanisation. Les interactions entre les échelles locales, nationales et internationales n’ont jamais été aussi intenses et composites. Dans ce contexte, les recompositions rurales, ou ce que certains appellent aujourd’hui les « nouvelles ruralités », s’affirment au nord (Rieutord, 2012) comme au sud (Perez et al., 2008, Losch et al., 2013,)[1]. Elles nous engagent à l’analyse des multiples formes de ses expressions, dynamisées par la mobilité des personnes, des flux de biens et services ou de la circulation des normes et des référentiels. Mais la rapidité des recompositions rurales interroge aussi les catégories d’analyse et les modalités des politiques publiques. La problématique de l’axe porte ainsi sur l’articulation entre recompositions territoriales rurales et re-conceptualisation des orientations, cadres et contenus des politiques publiques.

 

La première hypothèse est que les catégories d’analyse dominantes de la ruralité (urbain/rural, pays développés/pays en développement, nord/sud) sont inopérantes. L’action des firmes, des sociétés civiles et des pays dits émergents induit de nouveaux rapports de force. On assiste à une redéfinition des frontières de l’espace agricole, à une multi-localisation des acteurs et des activités, à de nouvelles dynamiques qui dépassent l’opposition villes-campagnes. Cette redéfinition génère aussi des inégalités croissantes qui renforcent les processus de polarisation, de fragmentation et de ségrégation. Les recompositions rurales demandent ainsi de nouvelles clés de lecture pour comprendre l’enchâssement des compétitions et des complémentarités pour l’accès et la valorisation des ressources territoriales. La seconde hypothèse est que la segmentation des politiques publiques ne permet pas de répondre aux enjeux des nouvelles ruralités et aux défis contemporains. La domination d’approches spécialisées et sectorielles (agriculture, infrastructures ou éducation) et transversales (pauvreté ou environnement) ne permet pas de prendre en compte les changements et de proposer des réponses adaptées selon les contextes régionaux.

Les travaux seront développés autour de trois grands thèmes :
  • Systèmes d’activités, pluri-localisation et multifonctionnalité Les familles sont les premiers acteurs des recompositions rurales en cours. Après une phase historique de spécialisation agricole des territoires ruraux, les logiques de réseaux et de mobilité contribuent à la diversification économique et à l’émergence de systèmes d’activités composites en réponse aux opportunités et contraintes de l’environnement naturel, économique et social. Ce caractère composite se traduit par une multifonctionnalité renouvelée et des stratégies de localisations multiples (lieux de résidence et d’activité).
  • Production, diffusion et territorialisation des politiques publiques L’empilement des politiques publiques (à caractère sectoriel ou spatial), la multiplication des niveaux de leur production et des échelles de leur mise en œuvre sont au cœur de ce deuxième thème. L’analyse est centrée sur l’étude de la diversité des acteurs qui adaptent, réinterprètent, hybrident les dispositifs de politiques publiques, et sur les impacts parfois différents des objectifs initiaux qu’elles induisent. Les approches multi-niveaux sont ici privilégiées. ​
  • Le rural à l’épreuve des pratiques et référentiels du développement L’apparition de nouveaux acteurs (firmes, fonds d’investissement) et le développement d’investissement directs ciblés sur l’exploitation des ressources territoriales (patrimoines naturel, culturel, génétique) influencent la production et la mise en œuvre des politiques publiques, notamment celles ayant un impact sur le développement des territoires ruraux. Ils débouchent sur de nouveaux rapports de force au niveau local, national et international qui pèsent sur les référentiels du développement (rôle de l’Etat et rapport public/privé, conception de l’aide publique au développement et des agences internationales).

[1] Rieutort, Laurent (2012), « Du rural aux nouvelles ruralités », Revue internationale d’éducation de Sèvres, 59, 43-52. Losch B., Magrin G., Imbernon J. (Dir.), (2013), Une nouvelle ruralité émergente, regards croisés sur les transformations rurales africaines, Atlas pour le programme rural futures du NEPAD, Montpellier ; Cirad, 44p. Perez, E., M. A. Farah, et al., Eds. (2008). La nueva ruralidad en América Latina : Avances teóricos y evidencias empíricas. Bogota, Editorial Pontificia Universidad Javerina.