Responsables : Valérie LAVAUD-LETILLEUIL (Univ. Montpellier III), Philipe BONNAL (CIRAD)

Le programme transversal alimente un questionnement central de l’unité autour des problématiques d’asymétries, d’action publique et de jeux d’échelles. En effet, la globalisation et la transformation des territoires à différentes échelles se caractérisent par des situations d’asymétrie au sein et entre les territoires et les populations en matière d’accès aux ressources, de modes de production et d’exploitation, ou encore de mobilités. Un autre élément de complexité est lié à l’imbrication des échelles des phénomènes en jeu et à l’autonomie plus ou moins forte du local vis-à-vis de ces échelles. La notion de « politique des échelles » (Brenner, 2004 ; Tarrow et McAdam, 2005)[1] nous aide à saisir la manière dont les acteurs s’emparent des nouvelles opportunités liées aux reconfigurations spatiales et à la multiplication des niveaux auxquels s’exercent les pouvoirs et émergent de nouvelles règles et normes (Blache and Flinders, 2004 ; Pasquier, 2011)[2]. Il s’agit aussi de concevoir ces processus non plus sous le seul angle de changements d’échelles mais comme de véritables jeux d’échelles dans lesquels les acteurs (individus, familles, habitants, acteurs institutionnels) interagissent, mobilisent des ressources et définissent des stratégies inédites. Ces jeux d’échelles et ces dynamiques inter-scalaires sont autant de constructions sociales dans des territoires multiples et fragmentés, expressions de processus socio-politiques autant que de projets d’acteurs individuels ou collectifs (Masson, 2009)[3].

Enfin, l’étude de ces processus nécessite de les replacer dans un cadre d’analyse de l’action publique, entendue de manière large comme « la façon dont une société construit et qualifie des problèmes collectifs, élabore des réponses, des contenus et des processus pour les traiter » (Thoenig, 2005, p. 290)[4]. Cette acceptation place le politique au centre de l’analyse du traitement des problèmes de société, sans pour autant réduire leurs résolutions à une action autonome et exclusive des gouvernements.

Alimenté par les travaux des axes thématiques, le programme transversal aura plusieurs fonctions. Il sera

  1. un socle de valorisation des travaux de l’unité donnant la priorité à une production scientifique collective (colloques, ouvrages, articles, working papers, etc.),
  2. un « incubateur » pour le montage de projets, pour la formulation de nouveaux cadres d’analyses ou de thématiques émergentes, etc.,
  3. une plate forme d’animation scientifique transversale (programmation des Jeudi ART-dev et mise en place d’ateliers méthodologiques)
  4. un lieu de mise à l’épreuve de nos démarches et méthodes ainsi que de nos théories et concepts issus de nos différentes disciplines.

 

[1] Brenner N., 2005, New state spaces. Urban governance and the rescaling of statehood, Oxford, Oxford University Press. ; Tarrow S., McAdam D., 2005, « Scale Shift in Transnational Contention », in Transnational Protest and Global Activism, sous la dir. de Donatella Della Porta et Sydney Tarrow, Lanham (MD), Rowman and Littlefield, p. 121-147.

[2] Pasquier R, Guigner S, Cole A. 2011, Dictionnaire des politiques territoriales, Paris, Presses de Sciences Po ; Blache I. ; M. Flinders (eds.). (2004) Multi-Level Governance. New-York : Oxford University Press.

[3] Masson D., 2009, « Politique(s) des échelles et transnationalisation : perspectives géographiques », Politiques et sociétés, 28, 1, p.113-133.

[4] Thoenig J.C., 2005, Pour une épistémologie des recherches sur l’action publique, in G. Filâtre et G. fr Terssac (coord.) Les dynamiques intermédiaires au cœur de l’action publique. Toulouse, Octarès : pp. 285-306.​