PROGRAMMES ET ACTIONS DE RECHERCHE
Les programmes de recherche auxquels j’ai participés peuvent être regroupés en quatre ensembles malgré de nombreuses porosités entre eux autant au plan du cheminement de mes recherches personnelles que des collectifs mobilisés et de la période durant laquelle ils se sont déroulés. Ils sont présentés ci-dessous et replacés dans le contexte professionnel et scientifique durant lequel ils se sont déroulés. Il s’agit de :
1/ Dynamiques urbaines et changements sociaux dans les déserts d’Afrique du nord
Aujourd’hui, la très large majorité des populations sahariennes vit dans des agglomérations, conséquence des rythmes d’urbanisation très soutenus qu’a connu le Sahara depuis trois décennies. Cette dynamique a été initiée et menée par les États qui, en mettant en place des plans d'aménagement volontaristes, ont voulu marquer l'espace, fixer les populations et diffuser des normes de confort afin d'endiguer l'exode rural, jusque-là très important. Durant les années 1990, cependant, les États se sont très largement désengagés. Ils accompagnent désormais les dynamiques plutôt qu'ils ne les impulsent. On s’achemine vers une urbanisation totale de la population. Mais le constat pose question :
Qu’est-ce que la ville au Sahara ? Cette question élémentaire peut se décliner de bien des manières selon le point de vue adopté : ville d’État, site de fixation des nomades, bourg rural oasien, carrefour migratoire ou commerçant… la diversité des situations renvoie à la confrontation entre différentes conceptions de la ville qu’il convient donc d’observer dans ses formes, ses discours, ses pratiques en portant attention aux processus d’imposition de modèles mais aussi à la manière dont ceux-ci sont réappropriés et signifiés par ceux qui les vivent.
Quels sont les ressorts des dynamiques urbaines alors que l’acteur qui les a impulsées, l’État, se désengage ? L’État est massivement intervenu, impulsant un mouvement du haut vers le bas, produisant des espaces qualifiés d’uniformes. Son désengagement rend visible de nouvelles modalités de l’action, parfois qualifiées de « retour du local » dont l’étude est toujours riche d’enseignements car elle permet de contextualiser les dynamiques urbaines vis-à-vis des mutations qui traversent actuellement les déserts d’Afrique du nord : les migrations, les nouvelles formes d’agriculture, le tourisme, le vide laissé par la rétraction de l’échelon de décision national.
Comment penser un espace totalement urbanisé ? L’étude des régions désertiques incite enfin à privilégier des questionnements de portée plus générale à partir de couples entre lesquels les limites sont de plus en plus floues : urbain-rural, densité-diversité, distance-proximité-circulation, territoire-réseau.
2/ CIMAMA : Circulations migratoires Afrique – Monde arabe
Depuis le milieu des années 1990, le Sahara est parcouru par un nombre croissant de migrants qui, depuis l’Afrique subsaharienne et vers le Maghreb, empruntent de nouveaux itinéraires, encore peu connus, via le Sahel, du Soudan à la Mauritanie, puis le sud de la Libye et de l’Algérie. Quelques écrits ont alors pu esquisser une image d’ensemble du système migratoire qui se dessine entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne, en présentant les itinéraires, les lieux et les profils des migrants qui les empruntent. Mais malgré l’intérêt des premiers travaux, les interrogations sont encore nombreuses tant à propos des conditions et de la rapidité de la mise en place de ce système migratoire que du contexte dans lequel il se déploie et de ses conséquences aux plans spatiaux et sociétaux sur les espaces parcourus.
L’intérêt du collectif que nous avons alors monté (acronyme CIMAMA) est : 1- de mettre en relation des chercheurs travaillant et/ou vivant soit en Afrique subsaharienne soit au Maghreb ; 2- de former une équipe réellement pluridisciplinaire, essentiellement composé de socio-anthropologues et de géographes ; 3- de délibérément jouer la carte du positionnement à l’intersection des deux aires culturelles, à la fois pour mieux appréhender le phénomène mais aussi afin de participer nous-mêmes de ce décloisonnement, en essayant dans la mesure du possible, d’aller enquêter dans une aire autre que celle où nous travaillons habituellement.
3/ L’Observatoire Urbain du Caire Contemporain (OUCC)
Durant ma période d’affectation au CEDEJ en Égypte (2003-2007), je me suis impliqué dans les activités de coordination et d’animation de l’Observatoire Urbain du Caire Contemporain (OUCC), succédant ainsi à E. Denis (CNRS). L’OUCC fédérait les personnes s’intéressant aux questions urbaines à propos d’une métropole, Le Caire, et, de manière croissante d’autres villes et régions d’Égypte ; était un lieu d’accueil pour les étudiants et les chercheurs qui travaillaient sur les dynamiques socio-spatiales du territoire égyptien ; d’un maillon de la coordination des observatoires urbains des centres français de la Méditerranée créée à l’initiative du Ministère des Affaires étrangères afin de mutualiser les moyens et de tendre vers la définition d’un projet scientifique et documentaire commun. Il était aussi un centre de documentation qui possède l’un des plus importants fonds cartographiques sur l’Égypte (avec 6 500 cartes et plans) ; d’un pôle de service et d’expertise en SIG et bases de données.
4/ Les espaces discrets de la mondialisation (MONDIS)
Ce programme de travail tente de démontrer que les exportations massives de produits mondialisés made in China contribuent de manière originale à la transformation de l’espace et des interactions entre de multiples acteurs. Les lieux que ces échanges connectent, précis et identifiables, sont considérés dans la diversité de leur réception de processus globaux. Ils témoignent d’enjeux locaux forts et s’inscrivent dans différents contextes et niveaux de développements autour de la Méditerranée. Ces places marchandes constituent le point de départ de routes transnationales produites à l’articulation entre réseaux sociaux et territoriaux. Les réseaux tissés autour de ce négoce, en s’imbriquant et en s’étirant, transgressent les échelles et les limites établies, qu’elles soient spatiales (entre Etats, régions du monde ou Nord/Sud), sociales (identitaires, de classes ou de genre) ou économiques (formel et informel).
Ce programme de travail se met en place dans un cadre comparatif et ouvert qui associe différents groupes travaillant déjà sur des thèmes et selon des approches similaires dans différentes régions du monde : Brésil, Maghreb, Afrique de l’Ouest, Europe, Chine.
Participation à des programmes de recherche
Comme chercheur
- 1998-2000 - Les manifestations de l'urbain dans le Monde arabe, programme de la MMSH, Aix-en-Provence, : Jean-Luc Arnaud et Jean-Charles Depaule (IREMAM)
- 1999-2002 - Les nouvelles configurations migratoires internationales au Maghreb, programme de l’IRMC (Institut de Recherches sur le Maghreb Contemporain, Tunis), : Hassan Boubakri (U. de Sousse, Tunisie)
- 2002-2004 - Les dynamiques urbaines dans le Sahara algérien, accord-programme franco-algérien entre l’U. d’Aix-Marseille 1 et l’U. de Biskra (Algérie), : M. Cote (IREMAM, U. de Provence) et Saïd Mazouz (Directeur de l'Institut d'Architecture de Biskra). Financement CMCU - Ministère des Affaires étrangères.